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Qui sont vraiment les préparateurs en pharmacie, pour lesquels il existe aujourd’hui peu de statistiques et d’études ? Que cherchent-ils à travers leur métier ? Comment expliquer l’important turnover de la profession et la pénurie partout sur le territoire ? Quelles sont leurs aspirations futures ? On a posé ces questions au sociologue Stéphane Rapelli, socio-économiste indépendant et auteur d’une étude menée avec l'Association Nationale des Préparateurs en Pharmacie d’Officine (ANPPO) sur le métier de préparateur en pharmacie (2022). 

Actuellement, peu de données existent sur le métier de préparateur en pharmacie. Pourquoi une étude sur le sujet était-elle importante ?

Suite à la crise sanitaire, des tensions et questionnements ont émergé parmi les préparateurs en pharmacie, sur leur métier, les conditions d’exercice et les évolutions futures. Il devenait nécessaire et urgent de dresser un bilan socio-économique pour comprendre le contexte et leurs attentes.

Qui sont vraiment les préparateurs en pharmacie en France ? Quels sont leurs profils ?

4 profils type – au niveau psycho-sociologique et socio-économique - se dessinent :

  • Les « conjointes mobiles » (2/3 de la profession) : ce sont des femmes, en couple, avec enfants, entre 29-47 ans. Elles travaillent majoritairement en temps partiel, par choix, pour gérer conjointement leur vie privée et leur vie professionnelle. Elles voient leur métier comme un complément de revenus pour subvenir aux besoins du ménage.
  • Les « citadins stabilisés » (16%) : ce sont principalement des hommes, en couple, sans enfant, qui ont +47 ans. Ils sont plutôt en fin de carrière.
  • Les « urba-fragilisés » (15%) : issus de familles monoparentales et de milieux populaires, ils travaillent à temps plein, en CDI. Ils ont entre 38 et 47 ans. Ils choisissent ce métier pour le rôle social valorisant qu’il procure. 
  • Les « jeunes apprenants » (7%) : ils font leurs études en parallèle, sont en CDD et vivent encore chez leurs parents.

15 000 postes sont aujourd’hui vacants dans les pharmacies françaises. Comment expliquez-vous ce « désamour » de la profession ?

Il existe un fort turn-over, principalement chez les “jeunes apprenants” et les “urba-fragilisés”. 33% des moins de 29 ans rejoignent ou quittent la branche. 

Deux problématiques expliquent cela :

  • L’ambivalence entre métier de conseil et métier de vente : les préparateurs se tournent vers ce métier car ils ont une forte notion du « care ». Mais ils sont souvent déçus car l’aspect commercial/vente prend le dessus (80% de leur temps de travail est dédié à cette mission).
  • Le management : les « jeunes apprenants » principalement sont regardant vis-à-vis du management et de la façon dont on les implique concrètement dans la vie de la pharmacie. Un rapport trop hiérarchisé entre pharmacien et préparateur peut conduire à une sensation de « non-considération ». Or ils sont en recherche d’un métier qui fait sens, et dans lequel ils peuvent avoir un vrai esprit d’équipe et de collaboration.

Quelles sont leurs attentes concrètes dans le futur ?

Les préparateurs en pharmacie ont de fortes attentes en matière de RH et de management. Et les jeunes pharmaciens (moins de 40 ans) l’ont bien compris. Ils développent des dispositifs de gestion RH novateurs, très appréciés, qui laissent davantage de place à l’esprit d’équipe et la concertation, tout en laissant une grande autonomie aux préparateurs.

Une autre attente forte a trait aux perspectives d’évolution. Cette recherche d’évolution a d’ailleurs grandi avec la crise sanitaire, qui a entraîné une introspection forte et une quête de sens. Le fait de gagner en compétence, d’évoluer est aujourd’hui quelque chose de fondamental et de valorisant.

La formation continue peut-elle avoir un impact sur la revalorisation du métier ?

Pour une grande partie des préparateurs en pharmacie, ils cherchent à accroître leurs compétences car la recherche de valorisation individuelle est forte. Pour autant, il faut que ces formations leur servent réellement : ils veulent pouvoir remonter leurs attentes de terrain et ce dont ils ont besoin au quotidien pour mieux conseiller les patients. A ce moment-là, la formation continue devient efficiente pour les préparateurs ET pour la pharmacie. Elle devient par ailleurs un argument pour eux dans leur décision de rester au sein de leur officine, et de ne pas quitter le secteur.

Le numérique est-il un outil qu’ils souhaitent utiliser davantage dans leur quotidien ?

Cette question est très étudiée pour l’intégralité des professions de santé. Globalement, ils sont déjà pas mal numérisés et c’est davantage la branche dans son ensemble qui va s’intéresser à ces sujets et voir comment aller encore plus loin.

La formation continue à distance, via le numérique, est quant à elle perçue comme quelque chose de positif, notamment pour les pharmacies en zone rurale. Cela permet aux pharmaciens de proposer des formations à leurs préparateurs sans perdre le quart (ou la moitié) de leurs effectifs en les envoyant en formation présentielle. Un des autres avantages mis en avant par les préparateurs est la flexibilité : ils peuvent choisir quand ils veulent suivre la formation. Enfin, ils mettent aussi en avant des avantages intrinsèques collectifs ! Le fait de suivre une formation à distance, au sein de l’officine entre deux patients, permet de générer du lien, de susciter des conversations sur le métier et de créer une dynamique collective. 

Pour autant, le numérique ne peut pas être la solution à tout : le lien humain et le présentiel reste valorisé par les professionnels de l’officine ! 

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