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Le médecin de spécialité médicale est garant de la santé de ses patients dans un domaine précis : cardiologie, pédiatrie, gynécologie, ophtalmologie… On compte pas moins d’une trentaine de spécialités médicales. Ces spécialités sont sollicitées directement par les patients ou conseillées par un médecin généraliste.  D’après un sondage IPSOS, 63% des français ont déjà renoncé à au moins un acte de soin au cours des 5 dernières années et notamment 50% à cause des délais d’attente trop importants.

Dans son rapport, IPSOS se penche sur l'augmentation des délais d’attente chez le médecin. En effet, entre 2019 et 2024 les délais d’attente ont augmenté pour chaque spécialité médicale : +6 jours pour le médecin généraliste, +1 semaine pour un rendez-vous chez le pédiatre ou chez le gynécologue, +3 semaines pour un cardiologue ou pour un ORL et enfin +1 mois pour le dermatologue. La FHF a également rendu en mars dernier un rapport sur les délais d’attente pour certaines spécialités.

Sommaire :

Délais de prise en charge allongés : quelles explications ?

La baisse de la densité de médecin pour 100 000 habitants.

En 2024, pour la première fois depuis 10 ans, le taux de médecin se réduira de 8% atteignant 311 médecins pour 100 000 habitants contre 339 en 2023. La densité médicale ne devrait retrouver son niveau actuel qu’aux alentours de 2034. Le nombre de médecins généralistes est en baisse chaque année depuis 2012 mais c’est pour les spécialistes que l’on va connaître une vraie rupture en 2024 : il y aura 174 médecins spécialistes pour 100 000 habitants contre 190 en 2023.

Nombre de médecins pour 100 000 habitants par années

Cette diminution du nombre de médecins par habitant est due à un effet ciseau. En effet, on constate une diminution du nombre de médecins (230 000 médecins en 2023 pour une prévision de 212 000 médecins en 2024) mais également une augmentation du nombre d’habitants et du besoin en soins dûs notamment au vieillissement de la population et à une recrudescence des maladies chroniques.

Pour ce qui est des spécialités dont le délais d’attente a augmenté (dermatologie, cardiologie, ophtalmologie, pédiatrie, gynécologie…), on remarque, pour certaines, une diminution significative du nombre de professionnels (3700 gynécologues médicales en 2012 contre 2113 en 2022 ou 4000 dermatologues en 2012 contre 3700 en 2022).

Ce tableau indique la densité de médecins spécialistes pour 100 000 habitants. Il est important de comparer ces chiffres à ceux des médecins généralistes qui sont 148,5 pour 100 000 habitants en France, c’est près de 26 fois plus que les dermatologues (5,9 dermatologues pour 100 000 habitants). On remarque également que les spécialistes ayant le plus grande densité de médecins (exemple : cardiologie) ne sont pas forcément ceux avec le plus faible délai d’attente.

Pourtant, lorsque l’on analyse les choix des internes lors de la procédure de choix du concours des ECN : l’ophtalmologie (101 places sur 155 ont été attribuées aux 1000 premiers), la dermatologie également (55% des places attribuées aux 1000 premiers) et enfin la médecine cardiovasculaire (47% des places au 1000 premiers) sont toutes trois des spécialités très plébiscitées et le nombre de places proposées aux étudiants après les ECN dans ces spécialités a d’ailleurs augmenté.

La diminution du nombre de médecins en France.

Dans un premier temps, la mise en place du numerus claususpour les études médicales date de plus de 50 ans. Ce dernier, qui était de 8500 en 1971 est passé à 4000 en 1990. Il a diminué comme cela jusqu’en 2000 jusqu'à ce que les pouvoirs publics se rendent compte des conséquences catastrophiques que cela pourrait engendrer. L’augmentation s’est fait depuis 2000 en passant par 7400 places en 2010 à 9500 en 2019 et 11341 en 2022 avec une disparition du numérus clausus en 2020.

Dans un second temps,la population des médecins, comme la population générale, vieillit. D’après la DREES, le nombre de médecins en 2022 de plus de 65 ans était de 36 000. Ce chiffre est à mettre en perspective sachant que l’âge moyen du départ à la retraite en 2021 s’élève à 66,5 ans. On avait donc en 2022, pour un nouvel étudiant inscrit en étude de médecine, 3 médecins qui partent à la retraite.

L’augmentation des places accordées en faculté de médecine ne vient pas contrer l’augmentation de la population, ainsi que son vieillissement (20,5% de la population a plus de 65 ans en 2020, contre 20,1% en 2019 ou encore 19,7% en 2018) et le nombre de maladies chroniques (prévalence de ces maladies passant de 14,6% en 2008 à 17,8% en 2021).

Éloignement géographique : La mauvaise répartition des médecins spécialistes sur le territoire

Le temps d’attente dans ces spécialités s'explique également par la mauvaise répartition des médecins spécialistes sur le territoire. Les médecins sont souvent concentrés dans les zones urbaines, laissant les zones rurales et moins peuplées avec moins d’accès à ces services.

Par exemple, Paris affiche une densité très élevée avec environ 888 médecins pour 100 000 habitants, en comparaison, des départements comme la Haute-Loire ont une densité beaucoup plus faible avec environ 244 médecins pour 100 000 habitants.

Pour ce qui est des médecins spécialistes, il existe également des différences majeures entre les régions. On compte globalement plus de spécialistes en région Auvergne-Rhône-Alpes et en Île-de-France que dans d’autres régions. On dénombre 570 dermatologues en Île-de-France alors qu’on n’en compte seulement 130 en Bretagne.

Même les départements que l’on pourrait penser comme bien pourvus de spécialistes ne sont pas épargnés : la Seine-et-Marne a perdu 40% de ses dermatologues en 8 ans, le Val d’Oise à lui, perdu 39% de ses ORL sur la même période. Les départements limitrophes de Paris souffrent globalement d’une pénurie car une grande proportion des actes médicaux spécialisés réalisés à Paris concernent des patients venant de départements limitrophes.

Réduction des délais d’attente chez les médecins spécialistes : propositions du gouvernement

Le 6 avril 2024, Gabriel Attal a révélé plusieurs mesures pour sortir de la crise que connaît le système de santé français, notamment la simplification de 16 procédures médicales dès le mois de juin comme l’augmentation des places en médecine (12 000 places en 2025 et 16 000 places en 2027) et un plan d’urgence pour la permanence des soins (assurer un médecin de garde à moins de 30 minutes de chaque français le week-end et en soirée).

Parmi elles : l’instauration de rendez-vous en accès direct auprès d’un kinésithérapeute ou d’un médecin spécialiste, et cela sans passer par un médecin traitant. Cette mesure sera expérimentée début juin dans 13 départements. A cette annonce, plusieurs syndicats se sont insurgés de la dégradation du rôle du médecin généraliste comme porte d’entrée dans le parcours de soins : cette mesure “nie l’existence même du médecin généraliste, médecin de premier recours, de son expertise et de son rôle dans l’orientation des patients vers les autres spécialistes si leur examen médical le justifie.” (UFMLS).Actuellement, pour s’orienter dans le système de santé, le médecin généraliste “demeure de loin le premier point de référence” des Français : 80% des sondés par France Asso Santé l'identifient comme tel en 2024, même si ce taux chute légèrement ( 93% en 2017).

Pourtant, les spécialités avec le temps d’attente le plus long demeurent l’ophtalmologie, la dermatologie et la gynécologie (si on enlève la cardiologie), trois spécialités à accès essentiellement direct. Comment expliquer cela ? Le baromètre de la FHF met notamment en exergue le fait que plus de la moitié des français se sont déjà rendus dans un service d’urgence pour des raisons ne relevant  pas d’une urgence médicale, un quart des français choisit les urgences faute d’alternative et ⅕ d’entre eux déclarent même que cela est “devenu un réflexe” . Il n’est pas évident pour un patient de se repérer dans le parcours de soin : vers qui me tourner ? Est-ce grave? C’est pour répondre à ces questions que le médecin généraliste intervient. Il est un acteur primordial du parcours de soin du patient et souvent une porte d’entrée pour la bonne coordination du système.

Médecins généralistes : la nécessité de monter en compétence sur des spécialités confrontées aux déserts médicaux

Le médecin généraliste a un rôle de filtre. Il est le premier contact dans le système de santé. Il peut effectuer des diagnostics précis et décider de manière éclairée si un patient a réellement besoin de voir un spécialiste. Cela peut réduire le nombre de références inutiles et diminuer le temps d’attente chez le spécialiste.

La formation continue leur permet de se former tout au long de leur carrière pour faire face aux évolutions sociétales (vieillissement de la population, hausse des maladies chroniques, virage ambulatoire, déserts médicaux de spécialistes…) et ainsi traiter les cas qui ne nécessitent pas nécessairement l’intervention d’un spécialiste. Par exemple, certaines affections dermatologiques courantes ou certains troubles oculaires mineurs pourraient être gérés efficacement en première ligne, libérant ainsi des créneaux chez les spécialistes pour les cas plus complexes.

Il est également au centre de l’optimisation des parcours de soins. En comprenant mieux les spécialités, les médecins généralistes peuvent planifier de manière plus stratégique le parcours de soins de leurs patients. Le parcours de soin inclut évidemment le moment idéal pour une consultation spécialisée mais aussi le suivi après celle-ci, assurant une continuité des soins encore plus cohérente et efficace. La formation des médecins généralistes permet enfin une réduction de la pression des urgences.

Sources :

https://www.ipsos.com/fr-fr/sante-un-acces-aux-soins-de-plus-en-plus-difficile-en-france 

https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/enquete-paris 

https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/communique-de-presse-jeux-de-donnees/demographie-des-professionnels-de-sante-au-1er-janvier-2023 

https://www.urps-med-idf.org/penurie-de-medecins-specialistes-liberaux-en-ile-de-france/ 

https://www.bva-xsight.com/sondages/barometre-droits-personnes-malades-2024/ 

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