Les dermatoses infectieuses, bien que souvent considérées comme des affections bénignes, peuvent avoir des conséquences importantes si elles ne sont pas diagnostiquées et prises en charge correctement. Pour les médecins généralistes, elles représentent une part significative des consultations en dermatologie. Ces pathologies demandent une attention particulière afin de distinguer les formes simples des situations plus complexes ou contagieuses nécessitant une prise en charge spécialisée. Mais comment les reconnaître ?
- Qu'est-ce qu'une dermatose infectieuse ?
- Quelles sont les dermatoses infectieuses fréquentes ?
- Quelles stratégies de diagnostic en cabinet ?
- L’importance de la formation continue en dermatologie
Qu'est-ce qu'une dermatose infectieuse ?
Les dermatoses infectieuses regroupent l’ensemble des infections touchant la peau, provoquées par des bactéries, virus, champignons ou parasites. Ces affections peuvent se manifester sous différentes formes, allant de lésions superficielles à des atteintes plus profondes impliquant le tissu sous-cutané. En pratique, la classification des infections cutanées est essentielle pour orienter le diagnostic et guider le traitement.
Quelles sont les dermatoses infectieuses fréquentes ?
Le médecin généraliste doit pouvoir identifier rapidement les signes cliniques caractéristiques des dermatoses infectieuses afin de proposer une prise en charge adaptée. Voici les pathologies les plus courantes par catégorie d’infections.
Les infections bactériennes
L’impétigo
L’impétigo, souvent observé chez l’enfant, se manifeste par des lésions croûteuses couleur miel situées principalement sur le visage ou les extrémités. Cette infection, causée à 90% par le Staphylococcus aureus ou Streptococcus pyogenes, est hautement contagieuse. Un traitement antibiotique topique, comme la mupirocine, est généralement efficace. Dans les formes étendues, un traitement oral peut être nécessaire.
Le diagnostic est essentiellement clinique, mais un prélèvement pour culture peut être envisagé en cas de doute, notamment pour confirmer la présence de Staphylococcus résistant à la méthicilline (SARM).
Attention : une erreur fréquente consiste à confondre l’impétigo avec une dermatite de contact ; un diagnostic précis repose sur l’aspect clinique et l’évolution rapide des lésions.
La folliculite
La folliculite est une infection superficielle des follicules pileux. Les lésions apparaissent sous forme de pustules centrées sur un poil. Cette affection peut survenir après un rasage ou chez les patients exposés à des environnements humides, comme les piscines publiques. Les cas légers nécessitent rarement des antibiotiques ; des antiseptiques locaux suffisent. Pour cela, quelques conseils simples sont à donner à vos patients tels que :
- une douche quotidienne à l’eau et au savon ;
- des vêtements propres à porter au quotidien :
- des sous-vêtements en coton.
En cas de sycosis, une mousse à raser antiseptique, des rasoirs jetables ainsi qu’un espacement entre les rasages est nécessaire.
Cependant, des formes plus profondes, comme le furoncle, doivent être surveillées pour éviter les complications, notamment les abcès. Il est à bien distinguer de la folliculite qui est fréquente et bénigne, quand un furoncle peut nécessiter des antibiotiques avec prélèvements préalables dans certaines situations.
Les infections fongiques
Le dermatophyte
Les dermatophytes, responsables du pied d’athlète ou des teignes, peuvent atteindre également les plis (intertrigo) ou la peau glabre sur laquelle elle fait des lésions annulaires rouges avec une desquamation périphérique. Ces infections se transmettent facilement dans les lieux collectifs comme les salles de sport. Le diagnostic est clinique et repose sur un examen direct des lésions (grattage et examen à la loupe ou avec une lampe de Wood), parfois complété par un prélèvement mycologique. Le traitement antifongique topique est le plus souvent suffisant, bien que des formes étendues puissent nécessiter un traitement oral.
La candidose cutanée
La candidose cutanée, causée par Candida albicans, touche fréquemment les zones humides du corps, comme les plis inguinaux ou interdigitaux. Pour rappel, le candida est aussi à l’origine des perlèches des lèvres. Il se présente sous forme de fond érythématheux avec enduit crémeux et fissures fréquente du fond du pli, ainsi qu’une bordure pustuleuse desquamative plus ou moins visible. Les facteurs favorisants incluent :
- la macération ;
- les contacts fréquents avec l’eau ou le sucre ;
- le manque d’hygiène ;
- le diabète ;
- l’antibiothérapie récente ;
- l’obésité.
La prise en charge repose sur des antifongiques locaux (nystatine, miconazole) et la réduction des facteurs de risque.
Les infections parasitaires
La gale
La gale, provoquée par l’acarien Sarcoptes scabiei, est une parasitose cutanée caractérisée par un prurit nocturne intense et des lésions en sillon, souvent localisées entre les doigts ou sur les poignets. Cette pathologie est hautement contagieuse et nécessite un traitement par ivermectine orale, le perméthrine topique ou le benzoate de benzyle, associé à la désinfection de l’environnement. Ignorer les signes subtils de la gale peut entraîner des épidémies dans les milieux collectifs.
La pédiculose (poux)
La pédiculose, ou infestation par les poux, reste une problématique courante, notamment en milieu scolaire. Les démangeaisons du cuir chevelu et la présence de lentes sont les signes les plus caractéristiques. Les traitements pédiculicides modernes sont efficaces, mais la prévention repose sur l’éducation des familles quant au partage d’objets personnels.
Les infections moins connues mais fréquentes
Le pityriasis versicolor
Certaines infections, comme le pityriasis versicolor, sont sous-diagnostiquées. Cette infection fongique, due à Malassezia, provoque des taches hypo- ou hyperpigmentées sur le tronc, particulièrement visibles en été. Bien que bénigne, elle peut entraîner une gêne esthétique significative. Le traitement repose sur des antifongiques topiques.
Le molluscum contagiosum
Le molluscum contagiosum, une infection virale bénigne mais contagieuse, touche principalement les enfants. Les papules ombiliquées caractéristiques permettent un diagnostic clinique immédiat. Bien que souvent auto-résolutif, le traitement par curetage ou cryothérapie est indiqué dans les cas persistants. Il est recommandé de les couvrir avec un pansement pour réduire la contagiosité.
Quelles stratégies de diagnostic en cabinet ?
Une prise en charge efficace commence par une anamnèse détaillée. Les questions clés incluent l’apparition, la localisation, l’évolution des lésions et les antécédents familiaux ou collectifs. L’examen clinique doit être minutieux, en tenant compte de l’aspect, de la distribution et des caractéristiques des lésions. Dans les cas douteux, des tests complémentaires, comme les prélèvements cutanés ou les cultures, permettent de confirmer le diagnostic.
L’exemple typique d’un patient ayant des plaques rouges prurigineuses pourrait conduire à un diagnostic différentiel entre dermatophytose, eczéma ou psoriasis. Ici, un prélèvement mycologique est souvent déterminant. De même, dans une folliculite récalcitrante, l’analyse du contenu purulent permet d’identifier d’éventuelles bactéries résistantes.
Approche de prise en charge
Les traitements doivent être adaptés à l’agent infectieux et à l’étendue des lésions :
- Les options topiques, comme les antibiotiques, antifongiques ou perméthrine, sont privilégiées pour les formes localisées
- Les traitements systémiques sont privilégiés pour les infections sévères ou étendues.
La prévention est un aspect fréquemment négligé : des conseils simples sur l’hygiène personnelle, l’éviction des sources de contamination et la désinfection des objets partagés peuvent réduire significativement l’incidence des dermatoses infectieuses.
Exemple : Un patient traité pour un impétigo doit être informé de l’importance de se laver régulièrement les mains et d’éviter le contact direct avec d’autres personnes jusqu’à résolution complète des lésions.
L’importance de la formation continue en dermatologie
La dermatologie représente un domaine exigeant pour les médecins généralistes, surtout depuis que les spécialistes se font de moins en moins disponibles en raison de la demande.
La diversité des manifestations cliniques et l’évolution rapide des résistances bactériennes rendent indispensable une mise à jour régulière des connaissances.
Certaines formations pour médecins généralistes permettent de renforcer ses compétences dans le domaine, notamment la formation Dermatologie générale, qui a été conçue autour des situations les plus rencontrées par les médecins. Finançable par le DPC, cette formation est particulièrement utile dans les zones rurales, où les généralistes jouent souvent un rôle clé en dermatologie.
Cet article a été validé par des professionnels de santé et vérifié par des sources sûres au moment de sa publication. Il ne prétend cependant pas à l’exhaustivité des informations fournies. Le présent article n’a qu’un but informatif et ne remplace pas une formation ou un conseil médical.
Sources :